La réaction est rapide.Ca picote, ça chatouille, les doigts brûlent et la langue face à l’insigne trésor ne peut plus se contrôler : elle s’agite et déjà les dents se préparent à mastiquer le travail et les yeux, quant à eux, rivés sur la proie, se délectent et fondent de plaisir acidulé.
Ce qui consume et émane de ce corps transi est un sentiment des plus nobles, le péché le plus délicieux, le plus raffiné et amusant , la gourmandise...
C’est comme un arc-en-ciel en Bretagne, qui illumine le ciel gris de la monotonie. Ou bien une sorte de pluie de sucre glace qui chamarre le cœur et l’esprit.
Ca sent bon. Tous les sens sont en éveil. Le gâteau qui cuit dans le four répand dans la cuisine une douce odeur de beurre qui crépite et le sentiment chocolaté qui s’infiltre dans la demeure émoustille le corps tout entier. Les yeux grandissent à un tel point, que les cils se collent au sourcils, la bouche s’ouvre inconsciemment et bredouille quelque monosyllabes qui traduisent les mêmes émotions que celles qu’éprouvaient régulièrement la petite Sophie, des filles modèles.
C’est comme une immense mousse de plaisir. Il faut passer à l’acte. Les papilles éclatent en sanglots et le cri de souffrance délectable, l’agitation de tout âge se propage en nous à la vitesse d’un coup de mixer.
C’est prêt. On ne peut plus attendre, on s’agite, on se lèche délicieusement les lèvres, et là, on ne veut plus partager, c’est comme un instinct, une chaleur irrépressible, un sens surdéveloppé, qui trône sur la personnalité telle une cerise sur le gâteau. Un véritable chef-d’œuvre...Mangeons ! Mais que le plaisir soit fugace et vite effacé ne doit pas nous faire oublier qu’il peut se renouveler à l’infini, et qu’il est un besoin humain, un soleil noctiluque d’envie, qui happe le ciel tout entier de notre esprit...