Poupées d’automne ou poupées d’été,
Dans nos songes ou la réalité,
Ah !Ces figurines séditieuses,
Demeurent à jamais mystérieuses.
De cire, en chiffon ou porcelaine,
Quelles paraissent au fond si mignonnes!
Mais ce ne sont que des jeux de scène,
N’attendez pas que l’alarme sonne !
Car en vérité ces gaupes douces,
Au cœur de vieux coton opalin
Ricanent et lancent des sons mutins,
De leurs petites bouches de mousse.
Elles sont blotties dans l’obscurité,
Toutes ensemble remplies de vésanie,
Et vocifèrent, pleines de gaieté,
En tordant leurs petits corps sans vie.
Elles sont bien rangées dans un coffret,
Et regardent à travers les fissures,
L’enfant qui les dirigent à la dur,
Et qu’elles aimeraient bien remplacer...
Deux perles surannées pour les yeux,
Que si fières elles portent comme un vœu,
Gorgées de jalousie généthliaque
Et jolies comm’ d’essence des flaques...
Parfois leurs petits gémissements,
Grincent tendrement dans le grenier
Et l’on entend gigoter leurs pieds
Avant qu’elles s’escampent vivement.
Elles grattent la nuit de vieux grimoires,
Cherchent des formules et des miroirs,
Caressent leurs boucles ciselées
Et ne veulent plus être oubliées.
Il faut craindre ces lutins fantasques
Qui dévorent les petits cœurs et qui,
Dansant sur le bal de Tchaïkovski
Prévoient de s’évader p’tèt à Pâques.